Cannabis et calomnie journalistico-scientifique

Je viens de signer un long article qui dénonce les médecins en tant que dealers monopolitistiques de drogues légales au moins aussi dangereuses et nuisibles que les drogues illégales.

Là-dessus, je découvre que le Figaro Santé a signé en 2011 un mémorable article intitulé « Comment le cannabis perturbe l’activité cérébrale« . Examinons cette merde scientifique et journalistique de plus près.

Ce truc d’une malhonnêteté intellectuelle évidente prend le prétexte de la sortie d’une énième publication « scientifique » calomniatrice du cannabis, pour défendre une énième fois un point de vue réactionnaire et intolérant et justifier indirectement le maintien du statu quo. Intellectuellement, toi Aude Rambaud l’auteure de l’article pseudo-journalistique, et toi « Matt Jones, coauteur des travaux à l’université de Bristol » l’auteur de l’étude pseudo-scientifique, vous avez signé votre chute, et je suis l’ange de l’extermination symbolique de vos inepties.

Analysons d’abord le titre : « Comment le cannabis perturbe l’activité cérébrale ». D’office ce titre induit l’idée qu’on sait quelque chose de sûr, qu’on a pu constater un fait. Alors d’office je réagis et je me dis :

  • La télévision commerciale perturbe l’activité cérébrale.
  • La publicité perturbe l’activité cérébrale.
  • La désinformation journalistique perturbe l’activité cérébrale.
  • L’aliénation capitaliste, le stress au travail, le stress des flics, des profs, des infirmières, des routiers, des pêcheurs, des agriculteurs, etc etc, perturbent l’activité cérébrale.

Bref, en soi, quand on a dit qu’une drogue a des effets, on n’a rien dit du tout. Le titre est donc d’office à la fois partial et vide de sens, conformiste.

Le chapo de l’article affirme ceci : « Une étude décrypte les mécanismes de perte de mémoire et de décision chez les consommateurs de cannabis. Les résultats appellent à la prudence car les régions concernées sont impliquées dans la schizophrénie. »

Voilà qui ne nous laisse pas trop le choix :

  • « une étude » : c’est donc du sérieux, des gens compétents ? Faux, c’est juste une utilisation peu scrupuleuse de l’argument d’autorité, car quand on voit le nombre de fois où des scientifiques ont affirmé des grosses conneries, on se dit qu’une étude est d’abord du papier avec de l’encre dessus, ce qui n’implique aucun lien privilégié avec la vérité.
  • « une étude décrypte » : ah, on en apprend plus, il se trouve donc que l’information recherchée était « cryptée », et heureusement un scientifique intelligent a enfin pu décoder le vrai message ! Wah ! Ejaculation intellectuelle !
  • « les mécanismes de perte de mémoire et de décision chez les consommateurs de cannabis » : ok, on va donc nous parler de deux effets secondaires négatifs. L’étude est donc loin d’être neutre, elle constitue une étude à charge, une étude engagée contre le cannabis. Ah ça je réponds : 1/ ta gueule, et 2/ je t’emmerde et 3/ occupe-toi de tes oignons et moi je m’occupe des miens.
  • « Les résultats appellent à la prudence » : qu’est-ce qu’elle veut dire ? Quelle prudence ? Prudence du législateur quant à ne pas dépénaliser le cannabis ? prudence du consommateur ? On ne sait pas trop de quoi elle parle.
  • « car les régions concernées sont impliquées dans la schizophrénie » : donc, les effets secondaires négatifs précédemment mentionnés cachaient le gros du problème : le cannabis engendre de la schizophrénie ! Je ferais remarquer que le journalisme idéologique qui ne dit pas son nom et la science dévoyée entraînent aussi une certaine schizophrénie symbolique…

L’article entre ensuite dans le vif du sujet :

« Le cannabis perturbe l’activité cérébrale au point de déconnecter deux zones qui travaillent habituellement en harmonie pour se rappeler quelque chose ou prendre une décision. Il s’agit de l’hippocampe, niché au cœur du cerveau et du cortex préfrontal qui se situe derrière le front. »

  • Donc, le pamphlet continue. On confirme que le cannabis « perturbe » et qu’il « déconnecte ». De facto, c’est faux, en tant que fumeur j’en suis absolument sûr. Le cannabis CONNECTE. Le cannabis a par exemple cassé les portes de mon amnésie névrotique et contribuer à libérer les souffrances que j’avais enterrées au plus profond de moi. Le cannabis m’a permis de refaire le lien avec mes 20 premières et hyper-dramatiques années de ma vie. Le cannabis m’a aussi très fortement encouragé à me libérer sexuellement, et à faire de la musique : sans cannabis, jamais je n’aurais osé écouter ma musique intérieure et la jouer.

« Des chercheurs anglais ont réussi à observer ce phénomène chez des rats soumis à l’administration d’une substance mimant l’effet du cannabis auxquels on a fait faire différents exercices. »

  • Ah, là ça commence à sérieusement se corser 🙂 ça en devient même rigolo, à force de ridicule. Car toutes les affirmations précédentes, aussi fausses que gratuites, étant en fait étayées sur une observation… de rats !!! Pour étudier les effets cérébraux du cannabis chez les humains (primates), ces génies scientifiques étudient les effets du cannabis… chez le rat…

Alors, quelques observations de bon sens scientifique à ce sujet :

  • Les rats n’ont pas de néo-cortex. Toute comparaison entre un système qui couple cerveau primitif, cortex et néo-cortex, et un système qui ne couple qu’un cerveau primitif considérablement plus petit à un cortex lui aussi d’une taille dérisoire – donc d’une puissance de calcul très limitée et très inférieure aux capacités humaines – n’a évidemment aucune pertinence, on compare juste des mouchoirs et des serviettes.
  • Les rats ne parlent pas, ne rient pas, ne symbolisent pas le monde, ne recherchent pas spontanément les drogues sauf quand un scientifique vicieux les intoxique de force, ne font pas de politique ni de philosophie ni de musique ni de littérature.
  • De plus, ce qu’on a administré à ces rats pour en tirer des conclusions sur l’usage du cannabis chez l’homme, n’est même pas du cannabis. Pourquoi pas leur faire boire du Coca-Cola, et en tirer des conclusions péremptoires sur leur possible addiction à la cocaïne ? Ce serait une démarche tout aussi sérieuse.
  • « On a fait faire aux rats différents exercices » : hilarant. On image les scientifiques benoîtement occupés à faire passer à des rats des tests de QI, de culture générale, de compétences en résolution de problèmes linguistiques ou logiques, ou des tests physiques visant à transposer ce qu’on constate sur un muridé quadrupède de 10 centimètres de long, d’un poids de quelques dizaines de grammes, à un primate bipède de 1m70 et 60 kilos. Pourquoi pas comparer la peinture d’Hitler et l’astrologie maya, tant qu’on y est ?

Avec humour, l’auteure continue de délirer – sans herbe, sans crack, elle a le délire naturel et spontané, je l’admire :

« Ils ont enregistré pour cela leur activité cérébrale en différents endroits à l’aide d’électrodes. «La drogue ne montre pas d’effet significatif sur l’interaction entre ces deux régions tant que l’animal est tranquille mais dès qu’on le sollicite, les circuits se déconnectent et il devient incapable de retrouver un chemin qu’il connaissait cinq minutes avant l’administration de la substance, explique Matt Jones, coauteur des travaux à l’université de Bristol. C’est comme si vous vous sentiez bien après avoir fumé un joint dans votre canapé mais que vous êtes en fait incapable de conduire correctement votre véhicule», illustre-t-il. »

  • Voilà donc en quoi consistait l’admirable dispositif scientifique. On prend une espèce non-pertinente. On lui administre autre chose que la substance qu’on prétend étudier. Pour faire œuvre de science et d’intelligence, on scalpe des animaux qui ne peuvent pas se défendre, avec la dernière des cruautés. On leur plante des électrodes dans le crâne, sans aucun, absolument AUCUN RESPECT envers leur vie, leur intégrité d’animal. (JE DIS NON ET ABSOLUMENT NON A TOUTE EXPÉRIMENTATION ANIMALE.) J’aimerais assez pouvoir faire la même chose à Aude Rambaud et Matt Jones : pendant qu’ils délirent, je leur ouvre le crâne, je leur fais passer de l’électricité dans les neurones, je les enferme dans une boite, et je leur administre un faux cannabis : je me sentirai alors carrément autorisé à en tirer toutes sortes de conclusions délirantes, après quoi je jetterai les cadavres de mes victimes à la poubelle en leur balançant un désinfectant. Ils ne se comportent pas différemment, « ceux qui nous informent ».
  • Matt Jones montre un sens remarquable de l’analogie. Un sophiste n’aurait pas dit mieux. Du fait que le rat électrochoqué perd son chemin, ce blaireau de tortionnaire en blouse blanche se sent de déduire « c’est comme si… » Franchement, j’ai rien d’autre à dire là-dessus que LOL et re-LOL, ROFL.

L’article continue :

« De nombreux troubles psychomoteurs

Les effets du cannabis sur la mémoire, l’attention et les décisions sont déjà bien connus. Ces troubles apparaissent environ 15 minutes après l’inhalation de cannabis chez les fumeurs débutants et quelques minutes plus tard chez les habitués. Ils peuvent être accompagnés de troubles sensoriels (vision, ouïe) ou de perturbations de la coordination des mouvements. «Cette étude explique bien l’origine de la désorganisation des circuits de la mémoire et de la prise de décision que nous observons en clinique humaine, estime Michel Reynaud, chef du service de psychiatrie et d’addictologie à l’hôpital Paul Brousse à Villejuif. En revanche, il est difficile à ce stade de savoir si ces altérations sont la cause des troubles observés ou, au contraire, leur conséquence». »

  • Je peux répondre à cela simplement par ma phénoménologie, mon expérience concrète de fumeur. L’ensemble de mon site et de tout ce que j’ai fait depuis 10 ans – la critique littéraire, la saga romanesque KINKI, la collection Story&Drama, la gestion d’un lieu collectif alternatif pendant 3 ans, et la guerre idéologique tous azimuts sur mon site – tout cela a été fait sous l’effet du cannabis, que j’ai consommé de manière quotidienne ou quasiment. Je n’ai ni perdu la mémoire, ni faibli dans mon style ou la radicalité et la pertinence de mes idées, et ma mémoire est restée excellente, même si elle est sélective – vive l’oubli !
  • Je constate que la conso de cannabis a un effet de perturbation psychomotrice évidente. Mais cela ne m’a pas empêché, ni de taper des centaines de milliers de mots au clavier (je fais juste peut-être 10% de fautes de frappe en plus, mais j’écris très vite de toute façon… je pense vite, que j’aie fumé ou non), ni de rénover environ 100 mètres carrés d’un appart en ruines, ni de faire tout ce que j’ai à faire au quotidien. Je ne conduis aucun véhicule motorisé et ma conso ne comporte donc aucun risque pour autrui.
  • Les pseudo-« effets bien connus » du cannabis sur la mémoire et l’attention… ne sont pas si connus. Ces nigauds soutiennent que ces effets sont exclusivement négatifs ? C’est une contre-vérité. D’abord, il n’y a pas d’étude sérieuse des effets « du cannabis » pris comme substance homogène, car il y a plusieurs espèces de cannabis et les effets dépendent de toute une série de facteurs : un facteur ESSENTIEL (et absolument pas mentionné dans ce stupide article ni dans nombre d’autres articles calomniateurs du cannabis), c’est l’espèce de cannabis qu’on consomme : les familles SATIVA et INDICA ont des effets opposés. Le Sativa élève, rend euphorique, léger, sociable. L’Indica plombe, rend somnolent, isole, anesthésie. L’Indica fait un bon somnifère ou tranquillisant naturel et un anesthésiant léger (des cancéreux et des séropositifs l’utilisent pour ça), le Sativa fait un bon psychostimulant, une drogue créative et récréative. Les autres facteurs sont, en vrac : la puissance du produit (une herbe à 10% n’est pas une herbe à 25%, et fumer un gros spliff n’a pas du tout le même effet que fumer un petit stick comme je fais), l’état d’esprit du consommateur (en état d’angoisse sans cannabis, on sera plus enclin à faire des bads trips, il vaut donc mieux éviter), le passé traumatique (s’il y a des traumatismes cachés et oubliés, les drogues peuvent les faire remonter à la conscience : c’est à double-tranchant, c’est douloureux, mais au moins ça nous confronte au véritable problème).
  • Bref, tout ce passage était de la fumisterie intellectuelle une fois de plus.

On approche – ouf ! – de la fin de l’article :

« Un risque possible pour la schizophrénie

Ces travaux pourraient également apporter quelques clés pour mieux comprendre les liens ambigus entre la consommation de cannabis et les symptômes schizophrènes. La prévalence des troubles schizophréniques chez les sujets abuseurs ou dépendants au cannabis est de 6%, alors qu’elle est d’environ 1% en population générale. «Nous ne sommes pas encore en mesure de dire si les altérations observées dans notre étude peuvent expliquer certains effets psychotiques chez les consommateurs de cannabis mais ces résultats appellent à la prudence, notamment chez les personnes vulnérables car les zones concernées dans cette étude sont également perturbées dans la maladie et impliquent certains neurotransmetteurs identiques », conclut Matt Jones. »

  • Donc ça y est, ils nous sortent l’arme fatale anti-cannabis, la bombe atomique de la lutte contre les camés : le risque de schizophrénie ! Alors, je vais les bousiller. Polytraumatisé, fils de criminel et fils d’alcoolique, j’avais un terrain clairement prédisposé à développer des maladies psychiques. Au lieu de tourner schizo, je suis devenu artiste et anar – je sais, pour certains, c’est la même espèce que les camés. Donc, leur mécanique n’est pas aussi mécanique dans le réel que dans leur discours.
  • La notion de « trouble schizophrénique » est elle-même discutée. Les anti-psychiatres des années 70, avaient anéanti le concept. Les bourgeois de la médecine répressive l’ont maintenu vaille que vaille. La schizophrénie est un montage médical, un artefact scientifique historiquement déterminé, pas une réalité en soi. Donc, les arguments qui reposent sur des maladies dont on est même pas certains qu’elles existent réellement, ces arguments ne valent pas tripette.
  • L’expression « les sujets abuseurs » me fait marrer : je viens d’en localiser deux d’un coup moi des sujets abuseurs, une journaliste au service d’un journal de propagande de droite financé par un marchand d’armes, Dassault, et un chercheur de l’État conservateur anglais (pas les derniers pour coloniser et fasciser, God fucks the Queen), et eux  n’ont même pas l’excuse d’avoir pris une drogue pour les mettre en état de déficience intellectuelle 😉

Voilà, l’article de la pseudo-journaliste s’arrête là, mais mon article à moi continue encore un peu.

Ils ont fait un listing de propriétés négatives, listing issu d’une expérience frauduleuse, sur une espèce non-pertinente, avec une substance qui n’est pas celle qu’on prétend étudier, et par des méthodes qui enfreignent les règles d’éthique de base du respect de la vie. Ils se servent de toute cette merde pour justifier le maintient de la pénalisation des cannabinophiles.

Alors le boulot qu’ils ne font pas, moi je vais le faire.

Le cannabis a effectivement des effets secondaires négatifs. S’il n’était que ça, il n’intéresserait évidemment personne.

Voici donc une liste d’effets positifs et d’arguments en faveur de la consommation de cannabis par l’humanité, connards inclus :

  • C’est la drogue récréative et créative par excellence. Elle est utilisée avec profit par de nombreux artistes et intellectuels partout dans le monde.
  • La coke induit un faux sentiment de puissance. La nicotine est un poison violent. L’alcool tue les neurones, les cellules du foie, et l’esprit : quelques verres, et le sujet devient incapable de pensée cohérente. Les autres drogues ont elles aussi tout un tas d’effets détestables. Au contraire, le cannabis en variété Sativa rend l’esprit effervescent, bouillonnant d’idées et d’envies.
  • Le cannabis est en fait la seule drogue non-toxique contre les cellules du corps humain.
  • Le cannabis est la seule drogue dont on ne puisse pas mourir. Personne n’est jamais mort d’une overdose de cannabis, alors que tant de gens sont morts du fait de l’héroïne, de la cocaïne, de l’alcool et du tabac, entre autres.
  • La conso de cannabis laisse peu de traces. Le corps métabolise le THC assez rapidement, quelques heures et le gros des effets disparaissent, quelques jours ou semaines et il n’est plus présent qu’à l’état de traces.
  • L’addiction au cannabis est relativement faible. D’autres drogues rendent chimiquement accro quasi-immédiatement. Quand je veux faire une pause, ce n’est difficile que pendant les quelques heures après la fin du dernier sachet d’herbe. Je peux en avoir envie psychologiquement, mais je n’en dépends pas. Si je n’en avais plus ça irait quand même, on ne fait pas de crise de manque comme avec l’héro ou l’alcool.
  • Le cannabis rend paisible, surtout en version Indica. Peu de gens deviennent des connards du fait d’avoir fumé. Au contraire, quelqu’un qui a bu quelques verres d’alcool devient méconnaissable, souvent agressif et stupide.
  • Le cannabis désinhibe, c’est d’ailleurs en partie pourquoi on l’aime. Les gens qui ont peur de danser, de parler, de draguer, se lâchent plus facilement quand ils ont fumé. Ils assument leurs désirs et leurs envies de plus près, ils les répriment et les censurent moins. (La prise de cannabis entraîne parfois l’effet inverse chez des gens qui ont trop de choses à cacher. C’était mon cas au tout début de ma conso, vers 2002 : j’étais alors une victime totalement inconsciente, du coup le cannabis me faisait mal – me faisait paniquer, « bloquer » comme on dit. Il m’a fait du bien quand j’ai pu accepter ce qu’il y avait de mort en moi. Il est alors devenu un instrument de libération mentale et de développement artistique.)

Si tout cela ne vous suffit pas et que vous maintenez l’idée qu’il faut pénaliser et interdire le cannabis, j’ai 3 choses à vous dire :

1/ Je vous emmerde

2/ Je vous emmerde

3/ Je vous emmerde.

C’est dit, c’est fait.

(Juste une remarque pour finir d’enfoncer le clou : les deux intellectuels dont je viens de laminer les inepties ont tous deux été payés pour nous servir leurs salades sans sauce. Moi, fumeur, homme de cœur, je les ai défoncés gratuitement et j’ai offert le résultat au public sans rien demander en échange, ni au marchand d’armes, ni à l’Etat engliche de ce crétin de Cameron ! C’est aussi cela, l’éthique du cannabis : une éthique de partage.

Faites tourner les joints et les vraies infos plutôt que la connerie et l’intoxication journalistico-scientifique, le monde en sortira meilleur.)

3 commentaires

  1. Bonjour Ludovic,
    Pour commencer merci. Merci pour cet article engagé, passionné et militant. Merci pour ce coup de gueule, aussi nécessaire que jouissif. Merci de partager ce désir de transparence et de liberté. Merci mais…
    Merci mais ce petit bouton m’ordonne de dire ce que j’ai à dire, et comme je ne suis pas vraiment d’accord avec ce que je lis, je me sens dans l’obligation d’entamer mon plaidoyer.
    Je me présente alors ici en temps qu’avocat du diable, pro-tortionnaire de rongeur qui n’ont rien demandé, partisan de l’idée que la schizophrénie existe bel et bien, et défenseur de la légitimité scientifique.

    Tout d’abord, je trouve cet article du figaro aussi hilarant que révoltant. C’est une merveille de malhonnêteté journalistique, un concentré de peur pour tout lecteur naïf face au sujet du cannabis, de la schizophrénie et de la méthode scientifique.
    Je ne traiterai ici que du dernier paragraphe qui reste à mes yeux le plus désopilant.

    [Petit encart méthodologique : Ne pas confondre corrélation avec lien, lien avec interaction ou causalité, et ne pas inverser le lien de causalité. Évidemment, sans prendre ces précautions, le journaliste naïf et/ou malhonnête peut facilement conclure à tout à partir de rien.]

    «  La prévalence des troubles schizophréniques chez les sujets abuseurs ou dépendants au cannabis est de 6%, alors qu’elle est d’environ 1% en population générale. »

    Voilà un bel exemple, la proportion de schizophrènes est plus importante chez les consommateurs de cannabis : corrélation. Le scientifique arrête là la portée des statistiques. Le journaliste parle de liens ambigus, le lecteur conclut naturellement que le cannabis induit la schizophrénie.
    Une corrélation statistique, c’est bien, mais ça sert à rien. Cependant, les recherches sont allées plus loin, et ont pu montrer qu’il existe tout de même bien un lien de causalité, mais inverse à celui implicitement présenté. Les schizophrènes consomment plus souvent de cannabis que les autres. Pourquoi ? Un symptôme de la schizophrénie est la difficulté à ressentir des émotions positives (anhédonie), le THC induisant ce petit plaisir est alors une forme d’auto-médication contre ce symptôme. Les psychotropes leur procurant alors la seule jouissance accessible, il ne faut pas s’attendre à ce qu’ils s’en tiennent aux neuroleptiques zombigènes. Normal en conclusion qu’ils fument plus de péts’.

    Pour en revenir au figaro, conclure à partir ce cette corrélation statistique que le cannabis provoque la schizophrénie est donc aussi logique que de supposer que le paracétamol et l’aspirine provoquent des douleurs (généralement maux de têtes) puisqu’il y a un lien statistique extrêmement important entre la prise de ces substances et les douleurs ! CQNFPD.
    Flash info Figaro : Une étude a prouvé que près de 100% des criminels en France avait déjà mangé du pain au cours de leur vie, et la majorité en mangerait fréquemment ! Ah, oui, bon, pourquoi pas, et alors ? On tient une piste là ?

    Question : Le THC (et non le cannabis) constitue-t-il un facteur aggravant la schizophrénie ? Possible
    Quels sont les facteurs aggravant la schizophrénie ? Prédisposition génétique nécessaire, isolement social, économique, peu d’expériences professionnelles, acculturation, éléments de vie stressant, exigences sociales, famille « trop émotionnellement expressive », famille insuffisamment expressive ou à la communication ambiguë, maladies (grippe), maladie ou prise de substance iatrogène de la mère durant la grossesse, trauma crânien, prise de psychotropes durant l’adolescence (alcool, cannabis, amphétamine, psychédélique, cocaïne), etc..
    Première chose ; à par la base génétique qui est nécessaire, un peu tout peut mener à la schizophrénie. Deuxième chose, l’alcool est un facteur tout aussi important !
    Voilà comment placer la schizophrénie au coeur du débat sur le cannabis pour effrayer les foules alors que l’augmentation considérable de fumeurs de weed ces 40 dernières années n’a pas modifié d’un poil la proportion de schizophrènes dans la population. De plus, le cannabidiol (CBD) est un antipsychotique et pourrait constituer dans les prochaines années un traitement pour lutter CONTRE la schizophrénie. Omission très courante, étrangement. Que trouve-t-on dans le cannabis, du THC et du CBD. Bien.

    Pourquoi ne pas persévérer dans cet état d’esprit anxiogène et rappeler les recherches montrant l’aspect cancérigène de la viande cuite au barbecue. Eh oui, c’est un facteur cancérigène, mais qui serait maladivement craintif au point d’annuler un bon barbec’ par peur d’une maladie, aussi grave soit-elle ?

    Le scientifique voit un chat, il l’appelle « un chat ». Le journaliste apprend la nouvelle et écrit un article sur l’apparition possible de chats et invite à la prudence en rappelant le risque d’allergie. Le lendemain, les lecteurs sortiront affublés d’un masque de protection par peur de s’étouffer avec leur propre langue suite à une allergie causée par la prolifération de félins.
    C’est de cette manière qu’un grand nombre d’études scientifiques respectables s’étalant sur des centaines de pages peuvent être détournées, déformées, perverti en moins de 10 petites lignes.
    La journaliste qui se tient dans le box des accusés étant indubitablement jugée coupable, et la science ayant prouvé que la connerie réside dans le cerveau, la sentence retenue sera la guillotine. [bruit de marteau de président].

    Je pourrais épiloguer aussi longtemps sur de grotesques assertions telles que « les zones concernées dans cette étude sont également perturbées dans la maladie et impliquent certains neurotransmetteurs identiques », ou bien l’idée de troubles de la mémoire de travail, ou encore la « déconnexion » (lol) de l’hippocampe et du CxPF mais mon objectif n’est pas là. Mon but est de vous persuader, mon cher Ludovic Bablon, de ne pas condamner la science à cause de l’article frauduleux d’une journaliste corrompue par les convictions qu’elle tente d’implanter au plus profond de notre cerveau de lecteur/cobaye. Bien sûr, il restera quelques scientifiques galeux, dédaignant le doute zététique ou soudoyés par l’industrie pharmaceutique, mais ne jetons pas le bébé parce qu’un moucheron est tombé dans l’eau du bain.
    Le cannabis constitue donc bien un danger pour la société car il provoque de graves délires.. chez ceux qui n’en consomment jamais. Et il est temps de soigner les ignorants…

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