Edition d’auteur 5 – Problèmes résiduels

Edition d’auteur

Edition d’auteur 1 – Vive les livres moches, nuls et chers, je dis « vive les requins »
Edition d’auteur 2 – Un attentat industriel : la prise de pouvoir du non-art
Edition d’auteur 3 – Les chaînes du livre

5/ Problèmes résiduels

Edition d’auteur 6 – Hogarth Press II, édition d’auteur à comité de lecture participatif punk
Edition d’auteur 6 – Hogarth Press II, édition d’auteur à comité de lecture participatif punk
 

Limites de l’auto-édition

• La chaîne va rester foncièrement hostile : pas de pub possible.

• Donc pas de sélection (les journalistes missionnés pour la sélection refusent de faire leur travail critique) ; quand l’indépendance de l’auteur signifie la perte de vos revenus d’extorsion, l’indépendance a mauvaise réputation. La Mafia n’est jamais trop d’accord pour que la population qu’elle rackette émigre ailleurs.Tant pis. De toutes façons, il faut bien dire qu’on ne leur faisait pas tellement confiance.

Dans l’édition sans éditeur, on a chassé les parasitages économiques, et on a rendu leur place aux incarnations artistiques. La chaine traditionnelle le fait payer d’une manière ou d’une autre, forcément, ça lâche pas sa proie comme ça un pitt-bull.

Donc, pour cette partie de la production, pas de média, sauf si l’on parvient à en organiser des indépendants. Mais tant pis, puisque ça peut passer sans problèmes par ailleurs que par les SA et SARL médiatiques.

On peut imaginer de créer des « labels » semblables aux anciennes enseignes éditoriales, mais juste pour garantir la qualité, et sans interférer avec la forme. Au lieu de tout formater Minuit, POL, Gallimard, Fayard, Cheyne, Léo Scheer, Guignolo, un collectif crée la marque X apparaissant au dos de la page de titre, un site www.X.com répertoriant les œuvres ayant paru avoir de l’intérêt aux yeux du collectif. Le collectif peut être d’auteurs ou de lecteurs.

De toutes façons, on constate que la désintégration du circuit traditionnel a déjà commencé. Les éditeurs Inventaire/Invention ou Hache, par exemple, s’ils n’ont hélas rien changé au graphisme du livre, toujours aussi éditorial, utilisent la possibilité de lien direct entre le texte et le lecteur. Les deux mettent à disposition les textes intégraux.

 

Aménagements possibles au système existant – nouvelles formes éditoriales

Après nous avoir si longtemps mis de côté, nous et nos oeuvres, la chaîne en place pourrait, à mon sens, accepter d’abandonner son diktat graphique en rendant du pouvoir à l’auteur contemporain ; l’auteur discuterait avec les spécialistes en place dans les maisons pour faire des choix artistiques pertinents : illustration de couv, typo, format, type de rédactionnel éditorial etc.

Inconvénient : la chaîne prend toujours une grande partie des bénéfices.

Avantage : le livre est bien diffusé. Et l’essentiel, à savoir la beauté du livre, est préservé.

Nous verrions avec plaisir naître des COLLECTIONS de textes au graphisme original. Gallimard peut très bien créer une collection d’inclassables – livres conçus par ou sous la direction de leurs auteurs ; les librairies peuvent très bien attribuer un petit coin de rayon à des mises en forme originales au lieu d’envoyer bouler tout le monde en époussetant le coin des best-sellers. Gallimard a su faire preuve de son excellence avec les collections Quarto, Découvertes, Pléiade. Elle n’a plus qu’à redesigner les collections NRF et Blanche, ces dinosaures du livre industriel.

 

Le nouvel auteur

Disons ceci: moi LB, je suis présent comme auteur, je veux l’être. Mais je veux exister avec le même statut ontologique qu’Amnesty International: le « Ludovic etc » noté sur le livre ou sur le site est un ensemble d’idées, de méthodes, d’objets, de directions. Je tiens à cette dissociation, qui est d’ailleurs ma matière elle-même (disons que tout vient du choc psychologique issu du fait d’avoir une psyché), entre moi et moi, être vivant, citoyen, amant etc, vs conscience rapportant les événements, pensées, sensations. Tout la com des auteurs consiste à dire, en photo ou en interview, qu’ils sont plus des êtres de chair que des consciences au travail. Je veux dire l’inverse.

Enfin: dans mon optique, il y a un auteur; mais il est secrété par le texte, pas l’inverse. Mon but, dans la vie, c’est de devenir le mot « il ».

 

Littérature versus capitalisme éditorial

On a enfin découvert le nom de ces terribles «serpents qui nous sifflaient sur la tête» (Racine) : ce sont des boas constrictors, sous-espèce «éditor», tout droit venus du pays du capitalisme dans la soute d’un navire marchand.

Pour être honnête, je dois le dire : un de mes buts est aussi de montrer à quel niveau d’incompétence la puissance financière arrive, tandis qu’un peu de courage, tandis qu’un peu de foi, dans ce monde, et sans difficultés, aboutit sans moyens à des créations maintes fois supérieures ; il s’agit, donc, de rendre dix coups pour un reçu, et les coups sont de l’art : un peu de coopération entre trois personnes courageuses et on parvient à un résultat meilleur que 1000 employés soumis de chez Gallimaçon. La démarche prouve ensuite quel’authenticité ne survit pas dans les enjeux commerciaux, mais qu’elle revient, comme du punk, comme du rock, comme du grunge, comme de la techno, chaque fois qu’on retrouve une énergie de base, une créativité primitive ; en étant indépendante, elle est contre. C’est fait pour mon plaisir, pour ma satisfaction et mon rire. Le rire de mon innocence contre leur inhumanité. C’est comme ça ; l’émotion et l’intelligence ne supportent pas la télé.

 

Sur l’auto-édition par dépit. Méfiance, éthique

On va régler le problème en vitesse, parce que c’est quand même quelque chose d’aussi sale que le racket des SARL. Quand un type est refusé partout, quand il ne reçoit que des lettres types en réponse des torchons d’illettré qu’il a envoyés, quand toute sa famille veut le ramener à son métier d’origine, quand enfin seul son chat (baudelairien) accepte de le lire, please, qu’il ne choisisse pas l’auto-édition. Ce n’est pas censé être la poubelle des Lettres. Quand on est un merdeux, on ferme sa gueule et on n’écrit pas. Quand on écrit des choses moyennes, on travaille travaille travaille jusqu’à temps que ça vienne vraiment, et si ça ne vient pas, on se suicide. Mais en aucun cas on ne va polluer l’esprit des autres avec ses rimailleries de connard et ses romans de bouseux.

Conditions de recevabilité pour les entreprises d’auto-édition : une super-exigence.

NE POLLUEZ PAS. SAUVEZ LES ARBRES.

 

Sur la dé-publication

On va être franchement utopique, mais on demande à tout hasard. Si jamais les responsables des éditions de Minuit pouvaient quitter le pays sous 48 heures, franchement, ça arrangerait tout le monde. Qu’on arrête de soutenir ces conneries prétentieuses.

Ou bien, je me sacrifie : les éditeurs m’envoient l’intégralité de leur production, moi, je lis TOUT, jour et nuit, au moins les 10 premières pages de chaque ouvrage, et je dis si ça passe ou pas. Il m’en passe un peu entre les mains, et des bouquins de Mr Nifait aux éditions Ni à faire, il y en a des pléthores. Ouste ! Arrêtez la pollution.

 

Relance & enthousiasme

Donc, la créativité est rouverte. Le support d’écrit, devenu ce carré rectangulaire graphiquement confisqué, peut dorénavant réexploser. Il y a des éditions à faire sous forme de bandeaux, d’affiches, de lettres, sur des papiers plastiques, sur du bois, sur de la soie, il y a des centaines de typos à utiliser, des centaines de graphistes à contacter, des appareils numériques à acheter. Rouvrez les vannes, c’est la fin du monopole industriel.

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